Pays avec le taux de lecture le plus élevé au monde
Un élève norvégien n’a pas le choix : chaque jour, 15 minutes de lecture sont imposées à l’école primaire. Pendant ce temps, en Inde, ce sont plus de 10 heures par semaine que l’on consacre à la lecture en dehors des salles de classe, si l’on en croit les chiffres du World Culture Score Index. Et pendant que certains pays font la course en tête, d’autres géants économiques, eux, restent à la traîne, malgré des budgets éducatifs colossaux.
Les écarts qui s’affichent d’un pays à l’autre vont bien au-delà de la simple différence de culture. Ils sont le reflet des choix politiques, du poids des habitudes familiales et de la capacité à faire de la lecture un enjeu collectif. Au bout du compte, c’est l’accès même aux livres et la manière dont la société valorise ce temps passé à lire qui déterminent la réalité du taux de lecture.
Plan de l'article
Lecture dans le monde : des chiffres qui révèlent de profondes disparités
Le rapport de la World Culture Score Index met en lumière une carte du monde où la lecture n’a pas la même place partout. Premier constat marquant : l’Inde se hisse en tête du classement, avec plus de 10 heures hebdomadaires de lecture par habitant en dehors du cadre scolaire. Derrière elle, l’Asie s’impose, la Thaïlande et la Chine grimpant sur le podium. À l’autre bout du spectre, les États-Unis sont relégués à la 24e place, avec à peine 5,7 heures de lecture par semaine. La France, quant à elle, atteint le neuvième rang.
Quelques données clés permettent de mieux cerner l’ampleur des écarts internationaux :
- Le taux d’alphabétisation mondial atteint 87,01 % en 2022.
- Dans certains pays, moins de 15 % des adultes lisent de façon régulière, un déclin qui se mesure année après année.
- Des nations comme l’Ukraine, l’Ouzbékistan ou la Russie approchent les 100 % d’alphabétisation.
- À l’inverse, le Tchad, le Mali ou l’Afghanistan ferment la marche, avec des difficultés persistantes.
Les pays nordiques, à commencer par la Finlande, la Norvège et l’Islande, dominent systématiquement les grands classements internationaux en matière de littératie. Les évaluations Pisa soulignent leur avance en compréhension écrite, un domaine où la France, classée 12e, peine à rivaliser malgré des politiques éducatives ambitieuses.
Pourquoi de tels contrastes ? L’explication se trouve dans la qualité des systèmes scolaires, le soutien apporté par les familles, mais aussi dans l’accessibilité même du livre. Là où le prix des ouvrages grimpe ou où les bibliothèques sont peu présentes, la lecture s’étiole. Pourtant, le lien entre pratique régulière de la lecture et réussite académique ne cesse d’être confirmé par les études internationales : passer du temps à lire, c’est mettre toutes les chances de son côté pour apprendre et comprendre le monde.
Quels pays se distinguent par leur taux de lecture élevé et pourquoi ?
L’Inde continue de dominer le classement mondial, portée par une tradition vivace : le livre occupe une place centrale dans le quotidien, et les marchés éditoriaux locaux ne cessent de se renouveler. En Thaïlande et en Chine, la lecture s’ancre dans la vie de tous les jours, soutenue par des politiques publiques dynamiques et l’arrivée de nouveaux formats. Le livre numérique, accessible et abordable, permet de toucher des publics plus larges et de diversifier les genres proposés.
En Europe, la Suisse se distingue : deux femmes sur trois lisent au moins quatre livres par an, un chiffre qui illustre une tendance forte des pays développés : les femmes lisent plus que les hommes. Les nations nordiques conservent leur avance grâce à une tradition d’initiation à la lecture dès le plus jeune âge, appuyée par l’école et la famille. Les préférences varient toutefois : en Italie, les romans policiers et thrillers s’imposent, ailleurs ce sont les romans classiques qui tiennent la corde.
Une autre fracture apparaît, cette fois entre générations. En France, 42 % des 50-64 ans lisent avec régularité, contre seulement 29 % chez les 18-29 ans. Le prix des livres, le manque d’accès à des bibliothèques bien dotées ou l’absence de relais familial jouent un rôle déterminant. L’habitude de lire, valorisée dès l’enfance, forge durablement le rapport au livre d’un pays tout entier.
Promouvoir la lecture : initiatives inspirantes et enjeux pour l’avenir
Le livre n’est pas qu’un vecteur de culture : il s’impose comme la première industrie culturelle mondiale, générant quelque 151 milliards de dollars en chiffre d’affaires, d’après l’UNESCO et l’OCDE. Ce secteur devance le cinéma, la télévision, la presse, les jeux vidéo ou la musique. Les best-sellers mondiaux, de Don Quichotte avec ses 500 millions d’exemplaires à la saga Harry Potter (450 millions), témoignent de cette vitalité. Pourtant, la lecture fait désormais face à une concurrence féroce : jeux vidéo, plateformes de streaming, réseaux sociaux captent une part croissante du temps libre.
L’essor du livre numérique bouleverse les habitudes. En 2013, les ebooks représentaient 12 % des ventes mondiales ; cinq ans plus tard, les projections tablaient sur 25,8 %. Cette mutation s’accompagne d’une diversification des formats et supports, rendant la lecture plus accessible à de nouveaux publics. Les États-Unis rassemblent à eux seuls 30 % du chiffre d’affaires mondial du livre ; Royaume-Uni et France pèsent chacun 5 %. Le numérique ouvre la voie à de nouvelles perspectives, tout en posant la question de la viabilité du modèle éditorial classique.
Face au recul de la lecture observé dans plusieurs pays, des actions concrètes sont lancées. Parmi elles : les politiques en faveur des librairies indépendantes, le renforcement des programmes scolaires axés sur la compréhension écrite, l’organisation de festivals littéraires ou la création de prix dédiés à la jeunesse. Les enquêtes PIRLS et PISA, menées par l’OCDE, rappellent le lien entre lecture, réussite scolaire et développement des capacités cognitives. Lire, c’est aussi stimuler sa mémoire et cultiver l’optimisme. Préserver cette dynamique, convaincre les nouvelles générations et garantir l’accès à la lecture : le défi reste ouvert, mais l’enjeu, lui, n’a jamais été aussi clair.
